Dans un revirement significatif du marché, la valeur aux enchères des whiskies rares a chuté, marquant la plus forte baisse en une décennie, à l’exception du ralentissement pendant la pandémie. Cette baisse se traduit par une diminution de 7 % au cours des 12 derniers mois, selon une analyse approfondie réalisée par Noble & Co, portant sur environ 8 500 transactions de single malts fins et rares. Ces whiskies, généralement mis aux enchères pour plus de 1 000 livres par bouteille, ont subi une chute notable à 27 millions de livres de valeur par rapport à l’année précédente. Cette baisse contraste fortement avec la hausse de 19 % observée l’année précédente, remettant en question la réputation autrefois solide du secteur en tant qu’investissement alternatif performant.
Cette première chute majeure de la valeur des transactions depuis 2012 — à l’exception de la baisse de 51 % lors du confinement de 2020 — survient malgré une augmentation du nombre de bouteilles vendues, en hausse de 10 % pour dépasser les 8 500 au cours des dix premiers mois de 2023. Cette tendance indique clairement que le marché du whisky n’est pas à l’abri du ralentissement mondial des biens de luxe, une baisse alimentée en partie par les difficultés économiques de la Chine, en particulier dans son secteur immobilier.
Les effets de cette affaiblissement économique ont atteint les grands acteurs de l’industrie. Diageo, le conglomérat derrière Johnnie Walker, a signalé une baisse de ses bénéfices prévue pour la seconde moitié de l’année en raison de ventes médiocres dans des régions telles que l’Amérique latine et les Caraïbes. Cela rejoint les rapports de la Scotch Whisky Association, notant une baisse de 3,6 % des valeurs d’exportation au premier semestre de 2023.
Malgré la tendance générale à la baisse, les segments supérieurs du marché du whisky ont fait preuve de résilience, avec des prix pour les bouteilles les plus recherchées qui se maintiennent. Les collectionneurs semblent s’accrocher à leurs spiritueux précieux plutôt que de les vendre à des prix dépréciés. Même au sein d’un marché en déclin, des ventes remarquables, telles qu’une bouteille de Macallan 1926 adjugée à 2,1 millions de livres, ont eu lieu. Cependant, ces cas restent des exceptions plutôt que des indicateurs de la trajectoire générale du marché.
De plus, le marché plus large des whiskies de qualité a connu une stagnation des prix des bouteilles, malgré une augmentation de 17 % du nombre de bouteilles vendues, soulignant davantage la sensibilité des acheteurs aux fluctuations de prix. Cette sensibilité a été particulièrement prononcée sur le marché des bouteilles vendues à plus de 10 000 livres, où la décision d’achat est davantage guidée par la confiance dans l’avenir du marché que par la capacité financière immédiate.
Dans le contexte du climat macroéconomique difficile, les spécialistes de l’industrie prévoient peu de changements dans les tendances du marché des enchères. Néanmoins, certains distillateurs ayant effectué d’importants investissements pendant les années fastes de l’industrie restent optimistes. Ils conservent la confiance que l’attrait des marques haut de gamme et le potentiel de nouveaux marchés, notamment en Asie, continueront de stimuler la croissance. Ces distilleries, telles que la Holyrood Distillery à Édimbourg, ouverte en 2019, estiment que des whiskies de qualité dotés d’histoires captivantes peuvent traverser une période de ralentissement économique. La distillerie fait état d’une croissance continue dans le secteur des spiritueux haut de gamme, même si les inquiétudes concernant le ralentissement économique de l’Europe sont croissantes.
Ce tableau contrasté dessine un paysage complexe pour l’industrie du whisky : alors que les whiskies haut de gamme ont historiquement été un rempart contre la volatilité du marché, ils montrent désormais des signes de vulnérabilité face aux pressions économiques plus larges.