L’administration Biden crée un précédent historique dans l’industrie pharmaceutique en menaçant de révoquer les brevets de médicaments coûteux développés grâce à des fonds publics. Cette initiative, faisant partie d’une stratégie de santé plus large, vise à rendre les médicaments essentiels plus abordables et accessibles au public américain. Cette mesure audacieuse souligne l’engagement de l’administration à lutter contre l’envolée des prix des médicaments et à assurer une utilisation équitable des investissements publics dans la recherche médicale.

Le plan de la Maison Blanche, révélé jeudi, constitue un avertissement clair aux entreprises pharmaceutiques. Si les prix de certains médicaments restent excessivement élevés, le gouvernement pourrait annuler leur protection par brevet. Cela permettrait aux concurrents de produire des versions génériques, réduisant potentiellement considérablement les coûts.

Dans une déclaration, le président Joe Biden a souligné l’importance de cette initiative. “Aujourd’hui, nous franchissons une étape cruciale pour mettre fin à l’exploitation des prix afin que vous n’ayez pas à payer plus cher pour les médicaments dont vous avez besoin”, a-t-il déclaré dans une vidéo diffusée mercredi soir sur YouTube. Ce commentaire reflète l’accent mis par l’administration sur la réduction des dépenses de santé, thème central de la prochaine campagne de réélection.

Les responsables de la Maison Blanche n’ont pas précisé quels médicaments pourraient être ciblés. Les critères pour annuler les brevets incluent une disponibilité limitée à une base de consommateurs restreinte et un développement avec un financement public substantiel. La proposition, désormais ouverte à la consultation du public, devrait faire face à des contestations juridiques de la part des fabricants de médicaments.

Cette initiative s’inscrit dans une stratégie plus large, comprenant des mesures telles qu’un plafond de 35 dollars pour l’insuline pour les bénéficiaires de Medicare et des plans pour que Medicare négocie les prix des médicaments. Le concept de “droits de marche”, où le gouvernement peut intervenir dans les brevets s’il a investi dans la recherche ou le développement, n’est pas nouveau mais n’a jamais été utilisé de manière aussi agressive.

Les entreprises pharmaceutiques bénéficiant de recherches gouvernementales, comme le développement des vaccins contre la COVID-19, se retrouvent maintenant face à un possible changement de paradigme. Jing Luo, professeur à l’Université de Pittsburgh, note que les entreprises doivent soigneusement considérer leurs stratégies de tarification pour éviter l’intervention gouvernementale.

L’industrie pharmaceutique, représentée par la Pharmaceutical Research and Manufacturers of America (PhRMA), a critiqué le plan. La porte-parole Megan Van Etten soutient que cette approche pourrait entraver la recherche et le développement de médicaments, impactant les soins aux patients.

Des personnalités politiques comme les sénatrices Elizabeth Warren et Amy Klobuchar ont depuis longtemps plaidé en faveur de l’utilisation des droits de marche pour contrôler les prix des médicaments, notamment lorsque de l’argent public est impliqué. Le débat autour de cette question n’est pas nouveau, comme en témoigne le refus des Instituts nationaux de la santé de saisir le brevet du médicament contre le cancer de la prostate Xtandi.

La proposition soulève également des questions fondamentales sur le rôle du financement public dans le développement de médicaments, comme le souligne William Pierce, ancien responsable du ministère de la Santé. De plus, la Maison Blanche se concentre sur les fonds d’investissement privés qui achètent et restructurent les systèmes de santé à des fins lucratives. Cette surveillance, englobant un large éventail de services de santé, aborde les préoccupations concernant des pratiques antitrust non divulguées.

Le plan de l’administration Biden visant à potentiellement révoquer les brevets de médicaments coûteux marque un changement significatif dans l’approche du gouvernement en matière de santé et de politiques pharmaceutiques. En tirant parti des recherches financées par les contribuables pour garantir des médicaments plus abordables, l’administration aborde un problème de longue date lié à la tarification des médicaments et crée un précédent pour de futures réformes en matière de santé. Cette initiative, bien que controversée, reflète un besoin croissant d’équilibrer les intérêts des entreprises pharmaceutiques avec ceux du public américain.

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