
La victoire électorale de Donald Trump face à Kamala Harris jette une ombre d’incertitude sur l’industrie des véhicules électriques (VE) aux États-Unis. Le retour de Trump, critique connu des politiques environnementales strictes, pourrait entraîner d’importants changements dans la réglementation encadrant la production de VE, les normes d’émissions et les incitations destinées aux consommateurs. Les experts du secteur spéculent désormais sur ce que les prochaines années pourraient réserver au marché des véhicules électriques, alors que le paysage politique évolue.
La position de Trump sur les incitations aux véhicules électriques
Sous la présidence de Donald Trump, le gouvernement fédéral pourrait revenir sur certaines des principales mesures d’incitation mises en place dans le cadre de l’Inflation Reduction Act (IRA) de l’administration Biden. Trump a promis d’assouplir les normes d’émissions pour les véhicules et de réduire les subventions destinées à encourager l’achat de véhicules électriques. « L’IRA subira probablement quelques ajustements », a commenté David Rubenstein, cofondateur du Carlyle Group. « Je ne pense pas que l’IRA disparaîtra, mais il contient certains éléments que républicains et démocrates apprécieront. » Bien qu’il soit difficile d’abroger complètement la loi, Trump pourrait restreindre les crédits accordés aux consommateurs — notamment la réduction du crédit d’impôt fédéral de 7 500 dollars pour les acheteurs de VE — tout en conservant les aides à la production industrielle pour les fabricants.
Les gagnants et les perdants de l’industrie automobile
De nombreux analystes estiment que les constructeurs traditionnels comme General Motors, Ford et Stellantis pourraient tirer profit d’une seconde administration Trump. John Murphy, analyste chez BofA Securities, a récemment déclaré : « Nous voyons Ford et GM comme les principaux bénéficiaires d’une administration Trump. » Alors que les constructeurs historiques sont sous pression pour accélérer leur transition vers l’électrique, le soutien fédéral reste essentiel. GM, par exemple, dépend fortement des crédits d’impôt pour réaliser ses ambitions d’« avenir tout électrique ».
En revanche, les jeunes entreprises comme Rivian et Lucid, qui comptent largement sur les incitations pour rester compétitives, ont vu leurs actions chuter après les résultats de l’élection : Rivian a perdu 6 %, et Lucid 3 %.
Tesla, toutefois, pourrait faire figure d’exception. Déjà rentable, la société est mieux placée pour résister aux changements de politique fédérale. Son PDG, Elon Musk, ayant soutenu Donald Trump durant sa campagne, Tesla pourrait bénéficier d’un avantage dans certaines décisions politiques. Murphy a précisé : « Nous ne prévoyons pas de problèmes majeurs pour Tesla, car l’entreprise est déjà rentable et prévoit de lancer davantage de modèles d’entrée de gamme susceptibles d’attirer un public plus large. » L’action Tesla a d’ailleurs bondi de 13 % dans les échanges matinaux suivant l’élection.
Des tensions potentielles autour des normes d’émissions des États
Le retour de Trump pourrait également raviver les tensions entre le gouvernement fédéral et des États comme la Californie, qui imposent leurs propres normes d’émissions. Le règlement « Advanced Clean Cars II » de la Californie exige que 35 % des nouveaux véhicules de l’année modèle 2026 soient à zéro émission. Toutefois, des responsables du secteur automobile affirment que certains constructeurs préfèrent reporter ces obligations, quel que soit le président en place. Actuellement, douze États et Washington D.C. ont adopté les règles de la Californie, bien que leur application ne débute souvent qu’avec les modèles 2027.
Les normes CAFE et l’avenir de l’efficacité énergétique
En plus des exigences des États, Trump pourrait s’attaquer aux normes CAFE (Corporate Average Fuel Economy) pour les années modèles 2027 à 2031. Geler ou assouplir ces normes irait dans le sens de sa politique de dérégulation environnementale, ce qui pourrait avantager les constructeurs misant encore sur les véhicules thermiques, mais compliquer la tâche des entreprises engagées dans l’électrification.
Alors que Donald Trump se prépare à reprendre la Maison-Blanche, ses orientations politiques pourraient redéfinir la trajectoire de l’industrie des véhicules électriques aux États-Unis. Si les constructeurs historiques pourraient bénéficier d’un traitement favorable, les jeunes entreprises dépendantes des aides fédérales risquent d’être fragilisées. Les décisions de Trump concernant les normes d’émissions, les subventions fédérales et les réglementations sur l’efficacité énergétique seront déterminantes pour façonner l’avenir de l’adoption des véhicules électriques dans le pays. L’industrie automobile observe désormais avec un mélange d’attente et d’incertitude les premiers gestes de la nouvelle administration.








































