Les ligues inquiètes face à de nouveaux retards liés à la VAR
Les championnats européens redoutent de nouveaux ralentissements dans le jeu si la VAR devait élargir son champ d’action. L’entraîneur de Nottingham Forest, Sean Dyche, s’était montré particulièrement agacé cette saison après que son équipe a concédé deux buts sur des corners… qui n’auraient jamais dû être accordés. Mais, sauf revirement de l’Ifab, il n’obtiendra pas gain de cause : ces phases de jeu ne seront pas revérifiées à l’avenir.
Une pression croissante pour limiter les interruptions
Toutes les ligues subissent une forte pression pour réduire les délais provoqués par la VAR. Et toute nouvelle extension de son utilisation suscite une opposition ferme.
Le directeur général de la Fédération anglaise, Mark Bullingham, membre du board de l’Ifab, a déjà déclaré à la BBC qu’il était contre cette évolution.
En revanche, l’analyse par la VAR des deuxièmes cartons jaunes attribués à tort devrait être validée pour le début de la prochaine saison : ces cas restent rares, contrairement aux corners, qui se produisent en moyenne dix fois par match en Premier League.
Des ressources limitées pour les ligues nationales
Un obstacle majeur réside dans les ressources : plus on descend dans les divisions, plus les moyens diminuent. La Fifa, elle, peut mobiliser autant d’arbitres vidéo qu’elle le souhaite pour ses compétitions majeures.
Lors de la Coupe du monde 2022, chaque match de poule disposait de cinq officiels dans la salle VAR, contre seulement deux dans les ligues nationales.
La Fifa désignait notamment :
- un VAR principal,
- un assistant VAR,
- un VAR hors-jeu,
- un VAR de soutien,
- un assistant VAR de soutien.
À cela s’ajoutaient une couverture caméra optimale et un ballon Adidas équipé de technologie connectée permettant d’identifier instantanément le dernier joueur à avoir touché le ballon — un outil dont les ligues ne disposent pas.
Même la Premier League a déjà rencontré des problèmes : certaines actions n’ont pas pu être vérifiées faute de caméra couvrant toute la ligne de but, comme lors du but controversé de Newcastle contre Arsenal il y a deux ans.
Des conséquences lourdes si les corners étaient ajoutés
Si les corners entraient dans le protocole VAR, toutes les ligues qui utilisent la VAR devraient les contrôler, de la Premier League à l’Eredivisie, en passant par la Scottish Premiership ou encore les deuxièmes divisions française, allemande, italienne ou espagnole.
Cela entraînerait des délais considérables, car la plupart de ces compétitions n’ont ni les moyens humains ni l’infrastructure pour effectuer des vérifications rapides et cohérentes.
C’est pour ces raisons que la Fifa n’a pas réussi à faire valider son idée auprès de l’Ifab. Elle semble donc prête à mener sa propre expérimentation lors de la Coupe du monde l’an prochain.
Comment cela fonctionnerait-il lors du Mondial ?
Selon les Lois du Jeu, un arbitre ne peut pas modifier une décision de reprise une fois que le jeu a repris.
Ainsi, dès qu’un corner est tiré, la rencontre doit se poursuivre, même si la décision était incorrecte.
Conséquence : chaque corner devra être revu par la VAR avant d’être frappé, même si la plupart des cas seront simples.
La Fifa estime avoir suffisamment de ressources — arbitres vidéo, caméras, technologie embarquée dans le ballon — pour rendre ces décisions rapides.
Cela constituerait un changement majeur, puisque le protocole VAR ne couvre actuellement que quatre domaines :
- les buts,
- les penalties,
- les cartons rouges directs,
- les erreurs d’identité.
L’attribution des corners s’ajouterait donc à cette liste durant la compétition.
Pourquoi ne pas vérifier seulement les corners qui mènent à un but ?
Si seuls les corners menant directement à un but étaient contrôlés, les équipes pourraient contourner le système :
si l’attaquant savait que le corner aurait dû être un six mètres, il pourrait jouer le corner à deux, éviter de marquer directement, puis construire une action menant à un but… qui serait alors valide, car ne provenant pas directement du corner.
