
Deux hommes armés — identifiés par les autorités comme un père et son fils — ont ouvert le feu sur des centaines de personnes rassemblées pour un événement de Hanoucca sur la plage de Bondi, à Sydney, dimanche. L’attaque a fait 15 morts et 27 blessés hospitalisés.
Le père a été tué lors d’un échange de tirs avec la police sur place, tandis que le fils est hospitalisé dans un état critique.
Parmi les victimes de la pire fusillade de masse qu’ait connue le pays depuis des décennies — une attaque visant des personnes juives et traitée comme un acte terroriste — figurent une fillette de 10 ans, un survivant de l’Holocauste et deux rabbins.
Les deux assaillants auraient prêté allégeance au groupe État islamique. Voici ce que l’on sait à leur sujet.
Père et fils
Le ministre de l’Intérieur, Tony Burke, a confirmé le lien de parenté entre les deux tireurs sans les nommer.
La chaîne publique australienne ABC les a identifiés comme étant Naveed Akram, 24 ans — actuellement hospitalisé sous surveillance policière — et son père décédé, Sajid Akram, 50 ans.
M. Burke a indiqué que le père détenait la résidence permanente en Australie, sans préciser sa nationalité. Il est arrivé dans le pays en 1998 avec un visa étudiant, puis est passé à un visa de partenaire en 2001 avant d’obtenir des visas de retour de résident après des voyages à l’étranger.
Le fils est, selon le ministre, un citoyen australien né dans le pays.
« Allégeance à l’État islamique »
Le Premier ministre Anthony Albanese a confirmé que le fils avait attiré l’attention de l’agence australienne de renseignement (ASIO) dès 2019.
« Il a été examiné en raison de ses fréquentations, et l’évaluation a conclu qu’il n’y avait aucun indice de menace persistante ou d’intention de recourir à la violence », a déclaré le Premier ministre.
M. Albanese a affirmé que les deux tireurs avaient agi seuls et ne faisaient pas partie d’une cellule extrémiste plus large. Ils étaient, selon lui, « clairement » motivés par une « idéologie extrémiste ».
ABC rapporte que les enquêteurs de l’équipe conjointe australienne de lutte contre le terrorisme (JCTT) estiment que les tireurs ont prêté allégeance au groupe État islamique (EI).
Anciennement basé en Irak et en Syrie, l’EI a été à l’origine — ou a revendiqué — des attaques meurtrières contre des civils à travers le monde, notamment les attentats de Paris en 2015, qui ont fait 130 morts, et l’attaque de la salle de concert Crocus en Russie l’an dernier, qui a causé la mort de 145 personnes.
Deux drapeaux de l’EI ont été retrouvés dans la voiture des suspects à Bondi, selon de hauts responsables cités par ABC sous couvert d’anonymat.
Un haut responsable de la JCTT a également indiqué que l’ASIO s’était intéressée à Naveed Akram en 2019 après que la police eut déjoué des projets d’attaque liés à l’EI.
Selon ce responsable, Naveed Akram était « étroitement lié » à Isaac El Matari, condamné en 2021 à sept ans de prison en Australie pour des infractions terroristes. El Matari s’était proclamé commandant de l’EI pour l’Australie.
Licence d’armes à feu
Les tireurs semblent avoir utilisé des armes à canon long durant l’attaque, tirant depuis un petit pont.
Plusieurs engins explosifs improvisés ont également été découverts dans leur véhicule, a déclaré M. Albanese.
Le commissaire de la police de Nouvelle-Galles du Sud, Mal Lanyon, a indiqué que six armes à feu avaient été récupérées sur les lieux et a confirmé que six armes étaient enregistrées au nom du père.
Sajid Akram remplissait les critères pour obtenir une licence d’armes à feu destinée à la chasse de loisir, a précisé le commissaire.
« Le registre des armes à feu effectue un examen approfondi de toutes les demandes afin de s’assurer qu’une personne est apte et digne de détenir une licence », a-t-il déclaré.
L’éligibilité à une licence de chasse en Nouvelle-Galles du Sud dépend du type d’animal chassé, de la raison de la chasse et du terrain concerné.
« Des gens normaux »
Naveed et Sajid Akram vivaient dans la banlieue de Bonnyrigg, dans le sud-ouest de Sydney, à environ une heure de route de Bondi.
Quelques semaines avant la fusillade de dimanche, les deux hommes avaient emménagé dans un logement Airbnb à Campsie, à 15 ou 20 minutes de route.
Trois personnes présentes dans la maison de Bonnyrigg ont été arrêtées lors d’une perquisition nocturne de la police, puis relâchées sans inculpation et reconduites au domicile.
BBC News a tenté de les approcher lundi, mais elles ont refusé de parler aux médias.
Selon le Sydney Morning Herald, une femme se présentant comme l’épouse et la mère des tireurs a déclaré dimanche soir que les deux hommes avaient dit partir pour une sortie de pêche avant de se rendre à Bondi.
L’agence Reuters décrit Bonnyrigg comme un quartier ouvrier bien entretenu, à la population ethniquement diverse.
Des habitants ont indiqué que la famille Akram restait discrète mais semblait semblable à toutes les autres du quartier.
« Je vois toujours l’homme, la femme et le fils », a déclaré Lemanatua Fatu, 66 ans. « Ce sont des gens normaux. »
« Tout le monde ne comprend pas le Coran »
Naveed Akram a étudié le Coran et la langue arabe pendant un an à l’institut Al Murad, dans l’ouest de Sydney, après avoir déposé sa candidature fin 2019, selon ABC.
Le fondateur de l’institut, Adam Ismail, a déclaré que la fusillade de Bondi avait été un « choc horrifiant » et que de telles attaques étaient interdites en islam.
« Ce que je trouve totalement ironique, c’est que le Coran qu’il apprenait à réciter affirme clairement que prendre une vie innocente revient à tuer toute l’humanité », a-t-il déclaré lundi.
« Cela montre clairement que ce qui s’est produit hier à Bondi est totalement interdit en islam. Tout le monde ne comprend pas le Coran ni ne vit selon ses enseignements, et malheureusement cela semble être le cas ici. »











